Tout commence par la vision furtive d’un bleu éclatant qui se détache au détour d’un virage entre deux montagnes. Les yeux sont accrochés et veulent être certains de ce qu’ils ont aperçu. Ils guettent quand soudain, le voilà, immensément bleu : Mono Lake couché au pied de la Sierra Nevada…

Le contraste encore une fois est saisissant. Un bleu fou, presque surréaliste, cerné de blanc explose littéralement au milieu des camaïeux de jaunes et verts tendres que nous traversons depuis des jours. Il nous intrigue nous approchons.

Nous nous faufilons entre les herbes hautes et arrivons sur les berges. Le blanc de la roche est aveuglant. La chaleur est lourde, l’atmosphère lunaire. Si d’un coup l’apesanteur s’effaçait pour nous faire déambuler comme des cosmonautes, nous ne serions mêmes pas surpris 😉

Autour de nous, plus un bruit, juste le silence sourd des mouettes et autres oiseaux marins se déplacent lentement sans piper un cri.
Les formations calcaires, les « tufas », ajoutent au caractère fantomatique de la scène. Le lac Mono est décidément bien intriguant. On approche encore…

Les rives si éclatantes de loin sont en fait bordées de noir. On approche plus encore : des mouches ! Des centaines, milliers, ou milliards (?) de mouches s’agglutinent au bord de l’eau. Malgré la baignade autorisée, personne ne veut glisser un orteil dans l’eau. D’ailleurs, même les poissons préfèrent ne pas s’y baigner ! Bon, la véritable raison est l’alcalinité excessive de l’eau dans laquelle seuls des crevettes endémiques peuvent survivre.

Surnommé la mer morte de l’Ouest, Mono Lake est le vestige de la présence de la mer il y a plus de 700.000 ans. Ce lac salé, très salé même – avec triple dose de sel versus l’océan -, est donc un des plus anciens lacs de l’Amérique du Nord.
Passage obligé d’un grand nombre d’oiseaux migrateurs, le lac mono est une grande nursery : 90% des mouettes californiennes naîtraient ici !
Il occupe aujourd’hui 180 km2 malgré quelques « bonnes » initiatives humaines qui ont fait baisser le niveau de l’eau de 15 mètres ! A priori il serait en voie de guérison et l’eau progresserait de nouveau…